Lutte contre l’ambroisie

En France, il existe quatre espèces d’ambroisie, dont trois sont considérées comme nuisibles à la santé humaine : l’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia), l’ambroisie trifide (Ambrosia trifida) et l’ambroisie à épis lisses (Ambrosia psilostachya). Le territoire de Terre Valserhône l’interco est principalement concerné par la première.

Historique

L’ambroisie à feuilles d’armoise est une espèce de plantes à fleurs de la famille des astéracées (Asteraceae) originaire d’Amérique du Nord (Canada et États-Unis), où elle pousse dans les champs cultivés, les pâturages, les terres de friche, les bords de route et les terres non cultivées.

Par le biais des activités humaines, elle s’est dispersée dans le monde entier. Elle est observée en France métropolitaine pour la première fois en 1863 dans l’Allier, à la suite de l’importation comme plante de collection au sein des jardins botaniques. Elle est également introduite au XIXe siècle via l’importation de sacs de légumineuses puis au XXe siècle par l’intermédiaire des aliments pour chevaux amenés par la cavalerie américaine durant les deux Guerres mondiales.

Répartition en France métropolitaine

Elle colonise d’abord la vallée du Rhône dès 1880 (dans 5 départements) puis s’étend vers le nord, cette extension étant facilitée par les activités humaines françaises. En 2007, 53 départements sont touchés par cette plante, puis la quasi-totalité en 2019.

En 2024, plus de 8 300 signalements ont été recensés en France métropolitaine (contre plus de 9 000 en 2023) dont 74 % en Auvergne-Rhône-Alpes. Plus de 50 % ont été pris en compte par les référents, dont 31 % ont été validés et détruits (source).

Sur le territoire de Terre Valserhône l’interco, 15 signalements ont été recensés en 2023.

Répartition de l’ambroisie à feuilles d’armoise en France métropolitaine entre 2004 et 2024 (source : ambroisie-risque.info)

Évolution de la répartition de l’ambroisie à feuilles d’armoise en France métropolitaine entre 1990 et 2021 (source : ambroisie-risque.info)

Risques pour la santé

L’ambroisie à feuilles d’armoise n’est pas toxique, mais son pollen a un fort potentiel allergisant : quelques grains par m3 d’air suffisent pour déclencher une réaction chez les personnes sensibilisées. Chaque pied libère quotidiennement plusieurs millions (voire milliards) de minuscules grains de pollen. On estime que 13 à 21 % de la population exposée de la région Auvergne-Rhône-Alpes y est devenue allergique.

La réaction allergique, appelée pollinose, peut être grave et provoquer des rhinites sévères avec ou sans conjonctivite, des trachéites, des crises d’asthme, de la fatigue, voire des démangeaisons, des urticaires et de l’eczéma. L’allergie peut toucher n’importe quel individu, à tout âge et sans prédisposition familiale.

Pour se protéger, les principales recommandations de prévention sont rappelées dans l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) du 28 avril 2016 (notamment lors des pics de pollen) : éviter les activités extérieures qui entraînent une surexposition aux pollens, éviter de faire sécher son linge à l’extérieur, fermer les vitres des véhicules, se rincer les cheveux le soir, aérer son habitation de préférence la nuit.

Pour connaître les prévisions du risque allergique aux pollens, il existe le site pollens.fr du réseau national de surveillance aérobiologique (sur lequel il est possible de s’abonner aux alertes) et l’indice pollen d’Atmo France.

Les conséquences économiques sont également importantes : l’allergie à l’ambroisie entraîne des coûts de santé estimés à 40,6 millions d’euros en 2017.

Réglementation

Pour faire face à ces problématiques, la lutte contre l’ambroisie fait l’objet de textes réglementaires. Étant donné qu’il n’existe pas de réglementation européenne, la France a introduit un chapitre relatif à la lutte contre les espèces végétales et animales nuisibles à la santé humaine dans le code de la santé publique (partie législative et partie réglementaire) via la loi du 26 janvier 2016 de modernisation du système de santé français. Ce chapitre définit la liste des espèces dont la prolifération constitue une menace pour la santé humaine (dont les 3 espèces d’ambroisie précitées) et liste les mesures de prévention et de lutte pouvant être mises en œuvre au niveaux national et/ou local : surveillance, prévention, gestion destruction, information… Ces dispositions sont complétées en 2017 par un décret d’application définissant les mesures susceptibles d’être prises pour prévenir leur apparition ou lutter contre leur prolifération, ainsi que par un arrêté interdisant leur introduction de façon intentionnelle, leur transport et leur utilisation. La lutte contre l’ambroisie est également intégrée dans les plans nationaux santé environnement (PNSE) et dans plusieurs plans régionaux santé environnement (PRSE), dont celui d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Au niveau local, le préfet de département élabore un arrêté préfectoral définissant les mesures à mettre en œuvre sur son territoire et leurs modalités d’application. Dans le département de l’Ain, ce sont l’arrêté préfectoral du 25 juin 2019 et le plan de lutte qui planifient la lutte contre l’ambroisie. En particulier, l’arrêté préfectoral prévoit l’obligation de prévention et de destruction de l’ambroisie pour l’ensemble des gestionnaires de foncier (propriétaires, locataires, exploitants, gestionnaires de terrains bâtis et non bâtis, ayants-droits ou occupants), la possibilité de signaler la présence d’ambroisie sur une plateforme et la définition de référents ambroisie au sein des communes.

La reconnaître

L’ambroisie à feuilles d’armoise est une plante pouvant mesurer jusqu’à 2 m de hauteur. On la retrouve souvent au niveau de sols nus et de milieux perturbés (jardins, chantiers, friches, remblais, terrains vagues, zones agricoles, bords de routes…) car elle est peu compétitive. Elle affectionne les lieux chauds, ensoleillés et plutôt riches en azote.

Ses feuilles sont profondément découpées et du même vert foncé sur ses deux faces. Elle n’émet pas d’odeur spécifique quand on la froisse.

Ses tiges sont couvertes d’une importante pilosité et peuvent devenir rougeâtres sur les plantes âgées.

Feuille de l’ambroisie à feuilles d’armoise
Source : GIlles Ayotte, Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 4.0

Tige de l’ambroisie à feuilles d’armoise
Source : Meneerke bloem, Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 3.0

L’ambroisie à feuilles d’armoise est une plante annuelle, à germination printanière-estivale et à croissance rapide. Les fleurs mâles produisent le pollen de mi-août à octobre et les fleurs femelles donnent des semences de septembre à novembre. En moyenne, une seule plante peut produire jusqu’à 3 000 semences par an. Il faut noter que le changement climatique pourrait avoir un impact sur le cycle de vie de l’ambroisie, notamment sur la période et la durée de pollinisation.

Cycle de vie de l’ambroisie à feuilles d’armoise
Source : observatoire des ambroisies

Stade : plantule
Source : Krzysztof Ziarnek (2019), Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 4.0

Stade : végétatif
Source : Harry Rose (2014), Wikimedia Commons, licence CC BY 2.0

Stade : floraison
Source : Stefan Lefnaer (2014), Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 4.0

Comme son nom l’indique, l’ambroisie à feuilles d’armoise peut être confondue avec l’armoise commune (Artemisia vulgaris) ou annuelle (Artemisia annua), qui n’ont pas besoin d’être éradiquées. En particulier, l’armoise commune se différencie de l’ambroisie par le fait que l’une des faces de ses feuilles est plus blanche que l’autre (alors que la couleur est la même chez l’ambroisie) et qu’elle émet une odeur marquée quand on la froisse (pas d’odeur chez l’ambroisie).

Faces avant et arrière de l’ambroisie à feuilles d’armoise
Source : Katrin Schneider (2014), Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 4.0

Face avant de l’armoise commune
Source : Dmitry Makeev (2020), Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 4.0

Face avant de l’armoise commune
Source : Dmitry Makeev (2020), Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 4.0

Plus d’informations sur les confusions possibles sur le site ambroisie-risque.info.

Agir

L’objectif de la lutte contre l’ambroisie est double : d’une part, il faut éviter que la plante ne relâche son pollen dans l’air (provocation d’allergies) et d’autre part faire en sorte qu’elle ne se dissémine pas grâce à ses semences (pour limiter l’invasion les années suivantes).

Dans le cas où vous rencontreriez de l’ambroisie :

  • Si les plants sont sur votre terrain :
    • Assurez-vous qu’il s’agit bien d’ambroisie (voir la page dédiée).
    • Signalez sa présence sur la plateforme de signalement, en précisant que vous allez la détruire. Cela servira à observer la progression de l’espèce.
    • Détruisez immédiatement les plants d’ambroisie (voir comment faire). Attention, des précautions doivent être prises pour éviter la dissémination et les allergies. Pour rappel, la destruction est obligatoire par arrêté préfectoral.
  • Si les plants ne sont pas sur votre terrain :
    • Assurez-vous qu’il s’agit bien d’ambroisie (voir la page dédiée).
    • Signalez sa présence sur la plateforme de signalement. Cela servira à observer la progression de l’espèce.
    • Informez votre mairie ou le référent ambroisie de votre commune.

Plus d’informations sur ambroisie-risque.info.

Dans tous les cas, le signalement sur la plateforme de signalement est fondamental car il permet d’observer la progression et la densité de l’espèce et d’informer le référent ambroisie de la commune afin qu’il mette en œuvre les actions adaptées.

La plateforme de signalement est disponible en ligne sur signalement-ambroisie.atlasante.fr, sous forme d’application mobile (Signalement Ambroisie), par courriel à contact@signalement-ambroisie.fr ou par téléphone au 0 972 376 888.

Actions des communes et de TVI

Les communes et Terre Valserhône l’interco définissent des référents ambroisie qui reçoivent les signalements depuis la plateforme et coordonnent la lutte contre les plants d’ambroisie.

Plus d’informations

Retrouvez toutes les informations sur le site ambroisie-risque.info, sur le site de FREDON AURA, ainsi que sur le site de l’agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes.

Source de l’image mise en avant : Harry Rose (2014), Wikimedia Commons, licence CC BY 2.0

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